Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/9

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ce zèle et cette intrépidité qui caractérisent les officiers instruits de l’armée française. Rentré depuis peu dans sa patrie, il lui rapporte des notions qui eussent été bien utiles à l’expédition de Bonaparte, et qui peuvent en préparer d’autres.

Les notes que j’ai consenti à donner ici aux lecteurs n’ont aucun de ces mérites. Je les livre à regret ; elles ne sont bonnes à rien qu’à mes souvenirs ; elles n’étaient destinées qu’à moi seul. Il n’y a là ni science, ni histoire, ni géographie, ni mœurs ; le public était bien loin de ma pensée quand je les écrivais : et comment les écrivais-je ? Quelquefois à midi, pendant le repos du milieu du jour, à l’ombre d’un palmier ou sous les ruines d’un monument du désert ; plus souvent le soir, sous notre tente battue du vent ou de la pluie, à la lueur d’une torche de résine ; un jour, dans la cellule d’un couvent maronite du Liban ; un autre jour, au roulis d’une barque arabe, ou sur le pont d’un brick, au milieu des cris des matelots, des hennissements des chevaux, des interruptions, des distractions de tout genre d’un voyage sur terre ou sur mer ; quelquefois huit jours sans écrire ; d’autres fois perdant les pages éparses d’un album déchiré par les chacals, ou trempé de l’écume de la mer.