Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/97

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Puis, glissant à regret sur ces créneaux noircis
Où dort, la pipe en main, le janissaire assis,
Va, comme pour pleurer la corniche brisée,
Mourir sur le fronton du temple de Thésée !
Deux beaux rayons jouant sur deux débris, voilà
Tout ce qui brille encore, et dit : Athènes est là !




6 août 1832, en mer.


Le 6, à midi, nous aperçûmes sous les nuages blancs de l’horizon les cimes inégales des montagnes de la Grèce : le ciel était pâle et gris comme sur la Tamise ou sur la Seine au mois d’octobre ; un orage déchire, au couchant, le noir rideau de brouillards qui traîne sur la mer ; le tonnerre éclate, les éclairs jaillissent, et une forte brise du sud-est nous apporte la fraîcheur et l’humidité de nos vents pluvieux d’automne.

L’ouragan nous jette hors de notre route, et nous nous trouvons tout près de la côte de Navarin ; nous distinguons les deux îlots qui ferment l’entrée de son port, et la belle montagne aux deux mamelles qui couronne Navarin. C’est là que le canon de l’Europe a crié naguère à la Grèce ressuscitée : la Grèce a mal répondu ; affranchie des Turcs par l’héroïsme de ses enfants et par l’assistance de l’Europe, elle est maintenant en proie à ses propres ravages ; elle a