Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/104

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vers le patriarche et les évêques, car l’autorité du clergé sur les esprits est immense et incontestée. Ce clergé se compose du patriarche, élu par les évêques, confirmé par le pape, et d’un légat du pape envoyé de Rome, et résidant au monastère d’Antoura ou de Kanoubin, des évêques, des supérieurs des monastères, et des curés. Bien que l’Église romaine ait sévèrement maintenu la loi du célibat des prêtres en Europe, et que plusieurs de ses écrivains affectent de voir une loi de dogme dans ce règlement de sa discipline, elle a été obligée de céder sur ce point en Orient ; et, quoique fervents et dévoués catholiques, les curés sont mariés chez les Maronites. Cette faculté du mariage ne s’étend ni aux moines qui vivent en communauté, ni aux évêques. Le clergé séculier et les curés usent seuls de ce privilége. La réclusion dans laquelle vivent les femmes arabes, la simplicité des mœurs patriarcales de ce peuple, et l’habitude, ôtent tout inconvénient à cet usage du clergé maronite ; et, bien loin qu’il ait nui, comme on affecte de nous le dire, à la pureté des mœurs sacerdotales, au respect des populations pour le ministre du culte, ou au précepte de la confession, on peut dire avec vérité que, dans aucune contrée de l’Europe, le clergé n’est plus pur, aussi exclusivement renfermé dans ses pieux ministères, aussi vénérable et aussi puissant sur le peuple qu’il l’est ici. Si l’on veut avoir sous les yeux ce que l’imagination se figure du temps du christianisme naissant et pur ; si l’on veut voir la simplicité et la ferveur de la foi primitive, la pureté des mœurs, le désintéressement des ministres de la charité, l’influence sacerdotale sans abus, l’autorité sans domination, la pauvreté sans mendicité, la dignité sans orgueil, la prière, les veilles, la sobriété, la chasteté, le travail des mains, il faut venir chez