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les Maronites. Le philosophe le plus rigide ne trouvera pas une réforme à faire dans l’existence publique et privée de ces prêtres, qui sont restés les modèles, les conseillers et les serviteurs du peuple.

Il existe environ deux cents monastères maronites, de différents ordres, sur la surface du Liban. Ces monastères sont peuplés de vingt à vingt-cinq mille moines. Mais ces moines ne sont ni riches, ni mendiants, ni oppresseurs, ni sangsues du peuple : ce sont des réunions d’hommes simples et laborieux qui, voulant se consacrer à une vie de prière et de liberté d’esprit, renoncent aux soucis d’une famille à élever, et se consacrent à Dieu et à la terre dans une de ces retraites. Leur vie, comme je l’ai raconté tout à l’heure, est la vie d’un paysan laborieux. Ils soignent le bétail ou les vers à soie, ils fendent le rocher, ils bâtissent de leurs mains les murs de terrassement de leurs champs, ils bêchent, ils labourent, ils moissonnent. Les monastères possèdent peu de terrain, et ne reçoivent de moines qu’autant qu’ils en peuvent nourrir. J’ai habité longtemps parmi ce peuple, j’ai fréquenté plusieurs de ces monastères, et je n’ai jamais entendu parler d’un scandale quelconque donné par ces moines. Il n’y a pas un murmure contre eux ; chaque monastère n’est qu’une pauvre ferme dont les serviteurs sont volontaires, et ne reçoivent, pour tout salaire, que le toit, une nourriture d’anachorète, et les prières de leur église. Le travail utile est tellement la loi de l’homme, il est tellement la condition du bonheur et de la vertu ici-bas, que je n’ai pas vu un seul de ces solitaires qui ne portât sur ses traits l’empreinte de la paix de l’âme, du contentement et de la santé. Les évêques ont une autorité absolue sur les