Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/107

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l’hôte chéri de toute la contrée. On le loge dans le monastère ou chez le scheik ; on lui fournit abondamment tout ce que le pays produit ; on le mène à la chasse du faucon ; on l’introduit avec confiance dans la société même des femmes ; on lui parle avec respect ; on forme avec lui des liens d’amitié qui ne se brisent plus, et dont les chefs de la famille conservent le souvenir à leurs enfants.

Je ne doute pas que si ce peuple était plus connu, si la magnifique contrée qu’il habite était plus souvent visitée, beaucoup d’Européens n’allassent s’établir parmi les Maronites : beauté de sites, admirable perfection du climat, modicité des prix de toutes choses, analogie de religion, hospitalité de mœurs, sûreté et tranquillité individuelle, tout concourt à faire désirer l’habitation parmi ce peuple : et quant à moi, si l’homme pouvait se déraciner tout à fait ; s’il ne devait pas vivre là où la Providence lui a indiqué son berceau et sa tombe, pour servir et aimer ses compatriotes ; si l’exil involontaire s’ouvrait jamais pour moi, je ne le trouverais nulle part plus doux que dans un de ces paisibles villages de Maronites, au pied ou sur les flancs du Liban, au sein d’une population simple, religieuse, bienveillante, avec la vue de la mer et des hautes neiges, sous le palmier et sous l’oranger d’un des jardins de ces monastères. La plus admirable police, résultat de la religion et des mœurs bien plus que d’aucune législation, règne dans toute l’étendue du pays habité par les Maronites ; vous y voyagez seul et sans guide, le jour ou la nuit, sans craindre ni vol ni violence ; les crimes y sont presque inconnus ; l’étranger est sacré pour l’Arabe mahométan, mais plus sacré encore pour l’Arabe chrétien ; sa porte lui est ouverte à toute heure ; il