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beaucoup plus élevé dans la montagne, est presque inaccessible, et enseveli l’hiver dans les neiges.

Monsignor Lozanna, homme de mœurs élégantes, de manières romaines, d’esprit orné, d’érudition profonde, et d’intelligence ferme et rapide, a été heureusement choisi par la cour de Rome pour aller représenter la politique et ménager l’influence catholique auprès du haut clergé maronite. Il serait fait pour les représenter à Vienne ou à Paris : c’est le type d’un de ces prélats romains héritiers des grandes et nobles traditions diplomatiques de ce gouvernement, où la force n’est rien, où l’habileté et la dignité personnelles sont tout. Monsignor Lozanna est Piémontais ; il ne restera sans doute pas longtemps dans ces solitudes, Rome l’emploiera plus utilement sur un plus orageux théâtre. Il est un de ces hommes qui justifient la fortune, et dont la fortune est écrite d’avance sur un front actif et intelligent. Il affecte avec raison, parmi ces peuples, un luxe oriental et une solennité de costume et de manières sans lesquels les hommes de l’Asie ne reconnaissent ni la sainteté ni la puissance. Il a pris le costume arabe ; sa barbe immense, et soigneusement peignée, descend à flots d’or sur sa robe de pourpre, et sa jument arabe de pur sang, brillante et docile dans sa main, défie la plus belle jument des scheiks du désert. Nous l’aperçûmes bientôt, venant au-devant de nous, suivi d’une escorte nombreuse, et caracolant sur des précipices de rocher où nous n’avancions qu’avec précaution. Après les premières paroles de compliment, il nous conduisit à sa charmante villa, où une collation nous attendait, et nous accompagna bientôt après au monastère d’Antoura, où il résidait provisoirement. Deux jeunes prêtres lazaristes, ve-