Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/165

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du matin, du midi ou du soir, tout ce que l’hospitalité peut souhaiter de plus touchant et de plus efficace à ses hôtes, tout ce qu’un voyageur peut souhaiter au voyageur pour le jour, la nuit, la route, le retour. Nous étions chrétiens ; — c’était assez pour eux : les religions communes sont la plus puissante sympathie des peuples ; — une idée commune entre les hommes est plus qu’une patrie commune ; et les chrétiens de l’Orient, noyés dans le mahométisme qui les entoure, qui les menace, qui les persécuta souvent, voient toujours dans les chrétiens de l’Occident des protecteurs actuels et des libérateurs futurs ! Il est temps, selon moi, de reporter la civilisation moderne aux lieux d’où la civilisation antique est sortie. Rien n’est plus facile que de rouvrir à ces fécondes races du Liban des sources intarissables de population, d’industrie, de prospérité ; et pour accomplir cette transformation il ne faut que leur garantir la sécurité et la propriété.

La population turque est saine, bonne et morale ; sa religion n’est ni aussi superstitieuse ni aussi exclusive qu’on nous la peint ; mais sa résignation passive, mais l’abus de sa foi dans le règne sensible de la Providence tue les facultés de l’homme en remettant tout à Dieu. Dieu n’agit pas pour l’homme, chargé d’agir dans sa propre cause ; il est spectateur et juge de l’action humaine : le mahométisme a pris le rôle divin ; il s’est constitué spectateur inactif de l’action divine ; il croise les bras à l’homme, et l’homme périt volontairement dans cette inaction. À cela près, il faut rendre justice au culte de Mahomet : ce n’est qu’un culte très-philosophique, qui n’a imposé que deux grands devoirs à l’homme : la prière et la charité. — Ces deux grandes