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Balbek, assignent ce séjour au patriarche. Les premiers hommes sortis de lui ont pu conserver longtemps encore la taille et les forces que l’humanité avait avant la submersion totale ou partielle du globe ; ces monuments peuvent être leur ouvrage. À supposer même que la race humaine n’eût jamais excédé ses proportions actuelles, les proportions de l’intelligence humaine peuvent avoir changé : qui nous dit que cette intelligence plus jeune n’avait pas inventé des procédés mécaniques plus parfaits pour remuer, comme un grain de poussière, ces masses qu’une armée de cent mille hommes n’ébranlerait pas aujourd’hui ? Quoi qu’il en soit, quelques-unes de ces pierres de Balbek, qui ont jusqu’à soixante-deux pieds de longueur et vingt de large sur quinze d’épaisseur, sont les masses les plus prodigieuses que l’humanité ait jamais remuées. Les plus grandes pierres des pyramides d’Égypte ne dépassent pas dix-huit pieds, et ne sont que des blocs exceptionnels placés, pour une fin de solidité spéciale, dans certaines parties de cet édifice.

En tournant l’angle nord de la plate-forme, les murailles qui la soutiennent sont d’une aussi belle conservation ; mais la masse des matériaux qui la composent est moins étonnante. Les pierres cependant ont, en général, vingt à trente pieds de long sur huit à dix de large. Ces murailles, beaucoup plus antiques que les temples supérieurs, sont couvertes d’une teinte grise, et percées çà et là de trous à leurs angles de jonction. Ces ouvertures sont bordées de nids d’hirondelles, et laissent pendre des touffes d’arbustes et de fleurs pariétaires. La couleur grave et sombre des pierres de la base contraste avec la teinte splendide et dorée des murs des temples et des rangées de colonnes du sommet. Au