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conférence. On ne peut découvrir comment il a pu jamais être possible de la gravir. Aucune trace de sentiers ni de gradins visible : et cependant tous ses flancs sont creusés de cavernes de toutes proportions, par la main des hommes. Il y a une multitude de cellules grandes et petites, dont les portes sont sculptées de diverses formes par le ciseau. Quelques-unes de ces grottes, dont les embouchures s’ouvrent au-dessus de nos têtes, ont de petites terrasses de rochers vifs devant leurs portes. On voit des restes de chapelles ou de temples, des colonnes encore debout, sur la roche : on dirait une ruche d’hommes abandonnée. Les Arabes disent que ce sont les chrétiens de Damas qui ont creusé ces antres. Je pense en effet que c’est là une de ces Thébaïdes où les premiers chrétiens se réfugièrent dans les temps de cénobitisme ou de persécution. Saint Paul avait fondé une grande église à Damas ; et cette église, longtemps florissante, subit les phases et les persécutions de toutes les autres églises de l’Orient.

Nous laissons cette montagne sur notre gauche, et bientôt derrière nous. Nous descendons rapidement, et par des précipices presque impraticables, vers une vallée plus ouverte et plus large. Un fleuve charmant la remplit. La végétation recommence sur ses bords : des saules, des peupliers, des arbres immenses, aux branches coudées d’une manière bizarre, aux feuillages noirs, croissent dans les interstices de rocher qui bordent le fleuve. Nous suivons ces bords enchantés pendant une heure, en descendant toujours, mais insensiblement. Le fleuve nous accompagne en murmurant et en écumant sous les pieds de nos chevaux. Les hautes montagnes, qui forment la gorge d’où descend