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course dans le désert, et nous nous préparons à repartir le surlendemain.




6 avril 1833.


Partis de Damas à huit heures du matin ; traversé la ville et les bazars encombrés par la foule ; entendu quelques murmures et quelques apostrophes injurieuses : on nous prend pour des renforts d’Ibrahim. Sortis de la ville par une autre porte que celle par laquelle nous sommes arrivés ; longé des jardins délicieux par une route au bord d’un torrent, ombragée d’arbres superbes ; gravi la montagne où nous avions eu une si belle apparition de Damas ; halte pour la contempler encore, et en emporter l’éternelle image. Je comprends que les traditions arabes placent à Damas le site du paradis perdu : aucun lieu de la terre ne rappelle mieux l’Éden. La vaste et féconde plaine, les sept rameaux du fleuve bleu qui l’arrosent, l’encadrement majestueux des montagnes, les lacs éblouissants qui réfléchissent le ciel sur la terre, la situation géographique entre les deux mers, la perfection du climat, tout indique au moins que Damas a été une des premières villes bâties par les enfants des hommes, une des haltes naturelles de l’humanité errante dans les premiers temps ; c’est une de ces villes écrites par le doigt de Dieu sur la terre, une capitale prédestinée comme