Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ailleurs, les roches cessent tout à coup ; d’immenses bastions arrondis les flanquent comme des fortifications éternelles, et terminent leurs angles en tours et en tourelles. Des vallées élevées, et que l’œil sonde à peine, s’ouvrent et s’enfoncent entre les remparts de neige et de forêts ; là descend le principal torrent de Hamana, que l’on voit ruisseler d’abord comme une gouttière du vaste toit de neige, puis se perdre dans le bassin retentissant des cascades, où il se divise en sept ou huit rameaux étincelants, puis disparaître derrière des blocs et des mamelons noirâtres, puis reparaître en un seul ruban d’écume, qui se plie et se déplie au gré des mouvements du sol sur les pentes lentes ou rapides de ses collines. Il s’enfonce enfin dans la vallée principale, et y tombe par une nappe de cent pas de large et de deux cents pieds d’élévation. Son écume, qui remonte et que le vent souffle çà et là, couvre d’arcs-en-ciel flottants les cimes des larges pins qui bordent cette chute. — À ma gauche, la vallée, en descendant vers les rives de la mer, s’élargit, et présente au regard les flancs de ses collines, plus boisées et plus cultivées ; son fleuve serpente entre des mamelons couronnés de monastères et de villages. Plus loin, les palmiers de la plaine élèvent, derrière des collines basses d’oliviers, leurs panaches de vert jaune, et entrecoupent la longue ligne de sable doré qui borde la mer. Le regard va se perdre enfin dans un lointain indécis, entre le ciel et les vagues.

Les détails de ce magique ensemble ne sont pas moins attachants que le coup d’œil général. À chaque détour de rochers, à chaque sommet de collines où le sentier vous porte, vous trouvez un horizon nouveau, où les eaux, les