Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/301

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quinement vêtus d’un habillement rouge tout étriqué, moitié européen, moitié oriental, contrastaient avec les Arabes, couverts de larges draperies. Et cependant c’étaient ces Égyptiens petits, laids, mal bâtis, qui marchaient de conquête en conquête, et faisaient trembler le sultan jusqu’aux portes de Constantinople.

» Nous entrons dans la ville sainte par la porte de Bethléem, tournant immédiatement à gauche pour gagner le quartier du couvent latin. Les femmes ne pouvant y être reçues, nous prenons possession d’une maison ordinairement inhabitée, mais qui sert aux étrangers lorsque le couvent des pères de Terre-Sainte est déjà plein. Nous étendons des matelas sur des banquettes disposées à cet effet, espérant nous reposer des émotions de la journée, et retrouver des forces pour en supporter de nouvelles et de plus palpitantes encore ; mais, assaillis par des milliers d’insectes, de moustiques, de puces, de punaises, qui depuis longtemps sans doute manquaient de pâture dans ces chambres désertes, ou, supposition plus fâcheuse encore, y avaient été laissés par quelques-uns de ces pèlerins en haillons que nous avions rencontrés, tout sommeil devint impossible, et la nuit se passa à tâcher de s’en défendre en changeant continuellement de place : aussi, un de nos compagnons de voyage, malgré nos exhortations à la patience, finit-il par aller chercher refuge dans le couvent même. Le procureur général vint nous voir, et nous dit que, s’il avait été prévenu, il aurait fait disposer un meilleur logement pour nous recevoir, et promit de tout arranger pour le lendemain. Je me confonds en excuses, je l’assure que nous ne manquons de rien, et j’ai encore à rougir de notre suscep-