Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/371

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immolé par les janissaires. Othman, traîné par eux dans ce château, tombe deux jours après sous les coups de Daoud, vizir. Ce vizir, peu de temps après, est conduit lui-même aux Sept-Tours. On lui arrache son turban, on le fait boire à la même fontaine où s’était désaltéré l’infortuné Othman, on l’étrangle dans la même chambre où il avait étranglé son maître. L’ada des janissaires, dont un soldat avait porté la main sur Othman, est cassée ; et, jusqu’à l’abolition de ce corps, lorsqu’un officier appelait la soixante-cinquième ada, un autre officier répondait :

« Que la voix de cette ada périsse ! que la voix de cette ada s’anéantisse à jamais ! »

Les janissaires, repentants du meurtre d’Othman, déposent Mustapha, et vont demander à genoux au sérail un enfant de douze ans pour lui donner l’empire. Vêtu d’une robe de toile d’argent, le turban impérial sur la tête, assis sur un trône portatif, quatre officiers des janissaires l’enlèvent sur leurs épaules, et promènent le jeune empereur au milieu de son peuple. Ce fut Amurath IV, digne du trône où la révolte et le repentir l’avaient fait monter avant l’âge.

Là finissent les jours de gloire de l’empire ottoman. — La loi de Soliman, qui ordonnait que les enfants des sultans fussent prisonniers dans le sérail, parmi des eunuques et des femmes, énerva le sang d’Othman, et jeta l’empire en proie aux intrigues des eunuques et aux révoltes des janissaires. De loin en loin brillent quelques beaux caractères ; mais ils sont sans puissance, parce qu’ils ont été habitués de bonne heure à être sans volonté.