Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/425

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haut du belvédère de Péra. Pendant que nous étions sur cette terrasse du palais, l’heure du repas sonna, et nous vîmes passer un grand nombre d’esclaves, portant sur leurs têtes de grands plateaux d’étain qui contenaient les dîners des officiers, des employés, des eunuques et des femmes du sérail. Nous assistâmes à plusieurs de ces dîners. Ils se composaient de pilaus, de volailles, de koubés, petites boulettes de riz et de viandes hachées, rôties dans une feuille de vigne ; de galettes de pain semblables à des oublies, et d’un vase d’eau. Partout où l’esclave rencontrait son maître, là se déposait le dîner, tantôt dans le coin d’une salle du palais, tantôt sur la terrasse, à l’ombre du toit ; tantôt dans les jardins, sous un arbre, auprès d’un jet d’eau.

Le kesnedar vint nous chercher, et nous conduisit dans le kiosque où il loge, en face du trésor du sérail. Ce trésor, où sont enfouies tant de richesses incalculables depuis la création de l’empire, est un grand bâtiment en pierre, précédé d’un portique couvert. Le bâtiment est très-peu élevé au-dessus de terre, les portes sont basses et les chambres souterraines. De grands coffres de bois peints en rouge contiennent les monnaies d’or et d’argent. On en tire un certain nombre chaque semaine pour le service de l’empire. Il y en avait plusieurs sous le portique. Nous ne demandâmes point à y entrer ; mais on dit qu’indépendamment des espèces d’or et d’argent, ce kesné renferme des monceaux de perles et de diamants. Cela est vraisemblable, d’après l’usage des sultans d’y déposer toujours, et de n’en tirer qu’aux dernières extrémités de l’État. Mais comme ces valeurs en pierres précieuses ne sont que conventionnelles, si le Grand Seigneur voulait en faire usage en les vendant,