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ces vagues de verdure, nous ne voyions, sur la physionomie de ses heureux et bons habitants, ni surprise, ni humeur, ni colère. Ils nous saluaient, en souriant à la beauté de Julia, du salut pieux des Orientaux : Saba el Kaïr. Que le jour soit béni pour vous. Quelques-uns nous priaient de nous arrêter sous leur palmier ; ils apportaient, selon leur richesse, ou une natte ou un tapis, et nous offraient des fruits, du lait, ou des fleurs de leur jardin. Nous acceptions quelquefois, et nous leur promettions de revenir leur apporter à notre tour quelque chose d’Europe. Mais leur politesse et leur hospitalité n’étaient nullement intéressées. Ils aiment les Francs, qui savent guérir de toutes les maladies, qui connaissent les vertus de toutes les plantes, et qui adorent le même Dieu qu’eux.

D’un de ces plateaux nous montions à un autre : mêmes scènes, mêmes enceintes d’arbres, même mosaïque de végétation sur le terrain qu’elles entourent ; seulement, de plateaux en plateaux, le magnifique horizon s’élargissait, les plateaux inférieurs s’étendaient comme un damier de toutes couleurs, où les haies d’arbustes, rapprochées et groupées par l’optique, formaient des bois et des taches sombres sous nos pieds. Nous suivîmes ces plateaux de collines en collines, redescendant de temps en temps dans les vallons qui les séparent : vallons mille fois plus ombragés, plus délicieux encore que les collines ; tous voilés par les rideaux d’arbres des terrasses qui les dominent, tous ensevelis dans ces vagues de végétation odorante, mais ayant tous cependant à leur embouchure une étroite échappée de vue sur la plaine et sur la mer. Comme la plaine disparaît à cause de l’élévation de ces vallées, elles semblent débou-