Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/148

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les violer en dépouillant ces étrangers, et en me laissant blessé de la sorte ? »

À ces paroles, les Bédouins, cessant leur violence, répondirent : « Tout ce que tu dis est vrai et juste ; et puisqu’il en est ainsi, nous ne prendrons à tes protégés que ce qu’ils voudront nous donner. »

Nous nous hâtâmes de leur offrir deux machlas, une pelisse et cent piastres. Ils s’en contentèrent, et nous laissèrent libres de continuer notre route. Hassan souffrait beaucoup de sa blessure ; et comme il ne pouvait remonter à cheval, je lui donnai mon chameau et pris sa jument. Nous marchâmes encore quatre heures ; mais le soleil s’étant couché, nous fûmes obligés de faire halte dans un lieu nommé Waddi-el-Nahr (vallon de la rivière). Cependant on n’y trouvait pas une goutte d’eau, et nos outres étaient vides ; l’attaque du matin nous avait retardés de trois heures, et il était impossible d’aller plus loin ce soir-là. Malgré tout ce que nous avions à souffrir, nous nous trouvions encore fort heureux d’avoir échappé aux Bédouins et d’avoir conservé nos habits, qui nous garantissaient un peu d’un vent froid qui se faisait vivement sentir. Enfin, partagés entre le plaisir et la souffrance, nous attendîmes avec impatience les premières heures du jour. Scheik-Ibrahim souffrait de son pied, et Hassan de sa blessure.

Le matin, après avoir arrangé nos malades de notre mieux, nous nous remîmes en route, allant toujours vers le levant. À une heure un quart de Palmyre, nous trouvâmes un ruisseau souterrain dont la source est entièrement incon-