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celui de Coriétain, fournit deux cents chameaux à la grande caravane de la Mecque.

Le lendemain, ayant loué une maison, nous déballâmes nos marchandises. Je pansai le pied de Scheik-Ibrahim, qui en effet était démis. Il eut encore longtemps à en souffrir. Hassan trouva à Palmyre des amis qui prirent soin de lui ; et, s’étant promptement rétabli, il vint prendre congé de nous, et partit enchanté de la manière dont nous l’avions récompensé.

Obligés de garder la maison pendant plusieurs jours, à cause du pied de Scheik-Ibrahim, nous nous mîmes à vendre quelques objets pour confirmer notre qualité de marchands ; mais, dès que M. Lascaris se trouva en état de marcher, nous fûmes visiter le temple dans tous ses détails. D’autres voyageurs en ont décrit les ruines ; ainsi nous ne parlerons que de ce qui a pu échapper à leurs observations sur le pays.

Nous vîmes un jour beaucoup de monde sur une place, occupé à entourer de bois une très-belle colonne de granit. On nous dit que c’était pour la brûler, ou plutôt pour la faire tomber, afin d’avoir le plomb qui se trouve dans les jointures. Scheik-Ibrahim, plein d’indignation, m’adressant la parole : « Que diraient les fondateurs de Palmyre, s’écria-t-il, s’ils voyaient ces barbares détruire ainsi leur ouvrage ? Puisque le hasard m’a conduit ici, je veux m’opposer à cet acte de vandalisme. » Et, s’étant informé de ce que pouvait valoir le plomb, il donna les cinquante piastres qu’on lui demandait, et la colonne devint notre pro-