Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/183

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» 2o Y chercher un Arabe dévoué, et me l’attacher comme drogman ;

» 3o Me perfectionner dans sa langue ;

» 4o Aller à Palmyre ;

» 5o Pénétrer parmi les Bédouins ;

» 6o En connaître tous les chefs, et gagner leur amitié ;

» 7o Les réunir tous dans une même cause ;

» 8o Les faire rompre tout pacte avec les Osmanlis ;

» 9o Reconnaître tout le désert, les haltes, les endroits où l’on trouve de l’eau et des pâturages, jusqu’aux frontières de l’Inde ;

» 10o Revenir en Europe sain et sauf, après avoir accompli ma mission. »

« — Et ensuite ?… » lui dis-je. Mais il m’imposa silence.

« — Rappelez-vous nos conditions, ajouta-t-il ; je vous instruirai de tout à mesure. À présent il vous suffit de savoir que je veux arriver chez le drayhy, quand je devrais y laisser ma vie. »

Cette demi-confidence me troubla, et m’ôta le sommeil à mon tour : trouver des difficultés presque insurmontables, et n’entrevoir que très-confusément les avantages de mon dévouement, c’était un état pénible. Cependant je pris la résolution d’aller jusqu’au bout, puisque je m’y étais engagé, et je ne songeai qu’aux moyens de réussir. Ma barbe avait poussé ; j’étais parfaitement versé dans le langage des Bédouins ; je résolus de me rendre seul et à pied chez le drayhy : c’était l’unique chance possible à tenter. Je fus trouver mon ami Wardi, celui qui m’avait rappelé à la vie en me mettant dans le ventre du cheval, et lui fis part de