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nible ; lorsque nous serons plus rapprochés de Coriétain, je vous le ferai connaître. »

Je craignais pour Scheik-Ibrahim quelque mauvaise rencontre ; je voulais être près de lui pour le conduire : je lui étais si attaché, que je me serais sacrifié mille fois pour le servir. »

J’en reviens à notre conseil de guerre. Le drayhy me donna une liste pour écrire à dix des principaux scheiks des tribus. Voici sa lettre : — « J’ai quitté mon pays pour venir vous délivrer de la tyrannie de Nasser, qui veut devenir votre maître par la force des Turcs, changer vos usages, détruire vos mœurs et vous assujettir aux Osmanlis. Je viens de lui déclarer la guerre ; dites avec franchise si vous êtes pour lui ou pour moi, et que ceux qui veulent m’aider viennent se réunir à moi. Salut. »

Ayant expédié dix cavaliers avec ces lettres, le lendemain nous nous avançâmes jusqu’au vaste et beau territoire de Chaumeric, à trente heures de Hama. Après une courte absence, nos messagers revinrent. L’émir Douhi et le scheik Sellame répondirent qu’ils garderaient la neutralité ; le scheik Cassem, parent de Mehanna, se déclara pour lui : les sept autres tribus vinrent camper autour de nous, leurs scheiks promettant au drayhy de partager ses périls à la vie, à la mort. Cependant nos espions nous rapportèrent que Mehanna alarmé avait envoyé Nasser à Hama, pour demander des secours aux Osmanlis. Le drayhy rassembla immédiatement son armée, forte de huit mille hommes, six mille cavaliers et mille deloulmardoufs, c’est-à-dire mille