Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/198

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que, s’il le veut, il est capable de vous faire roi de tous les Bédouins : il a reconnu que la comète qui a paru il y a quelque temps était votre étoile, qu’elle est supérieure à celle des autres Arabes, et que si vous suivez en tout point ses conseils, vous deviendrez tout-puissant. » Cette idée lui plut extrêmement. Le désir du commandement et de la gloire se réveilla avec violence dans son âme, et, par une coïncidence vraiment extraordinaire, j’avais deviné l’objet de sa superstition, car il s’écria : « Ô Abdallah, je vois que vous dites vrai, et que votre maître est réellement un prophète ! J’ai eu un rêve, il y a quelque temps, dans lequel du feu, se détachant d’une comète, tomba sur ma tente et la consuma ; et je pris ce feu dans ma main, et il ne me brûla pas. Cette comète était sûrement mon étoile. » Alors, appelant sa femme, il la pria de me redire elle-même ce rêve, tel qu’il le lui avait raconté à son réveil. Je profitai de cette circonstance pour établir de plus en plus la supériorité de Scheik-Ibrahim, et le drayhy me promit de suivre à l’avenir tous ses conseils. M. Lascaris, charmé de ces heureux commencements, choisit dans ses marchandises un très-beau cadeau pour offrir au drayhy, qui l’accepta avec le plus grand plaisir, et y vit la preuve que ce n’était pas pour nous enrichir que nous cherchions à le capter. Depuis ce temps, il nous fit manger avec sa femme et ses belles-filles dans l’intérieur de la tente, au lieu de manger dans la rabha avec les étrangers. Sa femme, issue d’une grande famille et sœur d’un ministre d’Ebn-Sihoud, s’appelle Sugar ; elle jouit d’une haute réputation de courage et de générosité.

Pendant que nous établissions notre influence sur le