Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/256

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Notre première entrevue avec le drayhy fut vraiment touchante. Il vint lui-même, avec les principaux de sa tribu, nous chercher au village de Nabek, et nous ramena pour ainsi dire en triomphe au camp. Chemin faisant, il nous raconta les guerres qu’il avait soutenues dans le territoire de Samarcande, et le bonheur qu’il avait eu de vaincre quatre des principales tribus[1], et de les amener ensuite à signer le traité. Il était important d’avoir détaché à temps ces tribus de l’alliance des Wahabis, dont ils étaient jadis tributaires ; car le bruit courait que nos ennemis préparaient une armée formidable, et se flattaient de se rendre maîtres de toute la Syrie. Bientôt après nous apprîmes que cette armée était en route, répandant partout sur son passage la terreur et la dévastation.

Le pacha de Damas envoya ordre aux gouverneurs de Homs et de Hama de faire monter la garde jour et nuit, et de tenir leurs troupes prêtes pour le combat. Les habitants fuyaient vers la côte, pour échapper aux sanguinaires Wahabis, dont le nom seul suffisait pour leur faire abandonner leurs foyers.

Le drayhy reçut du pacha l’invitation de venir à Damas conférer avec lui ; mais, craignant quelque trahison, il s’excusa sous prétexte de ne pouvoir quitter son poste dans cet instant critique. Il lui demanda même quelques troupes comme auxiliaires, espérant avec elles pouvoir tenir tête à

  1. La tribu El-Krassa, chef Zahauran-Ebn-Houad ; la tribu El-Mahlac, chef Nabac-Ebn-Habed ; la tribu El-Meraikhrat, chef Roudan-Ebn-Abed ; enfin la tribu El-Zecker, chef Matlac-Ebn-Fayhan.