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avec lui ; après le repas ils font ensemble les ablutions et la prière ; ensuite le roi, l’armant d’un sabre, lui dit :

« Je vous ai élu, par ordre de Dieu, pour gouverner ses esclaves. Soyez humain et juste ; recueillez exactement la dîme, et faites couper les têtes des Turcs et infidèles qui disent que Dieu a un égal : n’en laissez aucun s’établir dans votre pays. Puisse le Seigneur donner la victoire à ceux qui croient à son unité ! »

Ensuite il lui remet un petit écrit qui enjoint aux habitants d’obéir en tout au gouverneur, sous peine de sévères punitions.

Le jour suivant, nous visitâmes les écuries du roi : il est impossible, je crois, pour un amateur de chevaux, de rien voir de plus beau. Je remarquai d’abord quatre-vingts juments blanches, rangées sur une seule file ; elles étaient d’une beauté incomparable, et si exactement pareilles, qu’on ne pouvait les reconnaître l’une de l’autre ; leur poil, brillant comme l’argent, éblouissait les yeux. Cent vingt autres de diverses robes, mais également belles de formes, occupaient un autre bâtiment ; aussi, malgré mon antipathie pour les chevaux depuis l’accident qui avait pensé me coûter la vie, je ne fus pas moins saisi d’admiration en parcourant ces écuries.

Ce soir-là, nous soupâmes chez le général en chef Hédal, qui se réconcilia avec le drayhy. Le fameux Abou-Nocta, qui s’y trouvait, lui fit aussi beaucoup de politesses. Nous restâmes pendant plusieurs jours réunis en assemblées se-