Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/377

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ses alliés. De là ils se portèrent vers les tentes et y surprirent les habitants, qui n’étaient nullement préparés à cette attaque, Kerim étant absent, et engagé avec tous ses guerriers dans quelque expédition du même genre. Cais, à la tête des Absiens, pénétra donc dans les habitations, où l’on s’empara des épouses et des filles.

Pour Dahis, il était attaché entre les cordes qui maintiennent les tentes ; car Kerim ne s’en servait jamais pour combattre, dans la crainte qu’il ne lui arrivât quelque accident, ou qu’il ne fût tué. Un des esclaves resté dans les demeures, et qui s’était aperçu des premiers de l’invasion des Absiens, alla vers Dahis avec l’intention de rompre la corde qui lui liait les pieds ; mais il ne put jamais y parvenir. Toutefois il monta dessus, le poussa de ses talons, et le cheval, bien que ses pieds fussent liés, se mit à fuir en sautant et en cabriolant comme un faon, jusqu’à ce qu’il eût atteint le désert. Ce fut en vain que les cavaliers absiens coururent après lui ; ils ne purent même atteindre la trace de poussière qu’il laissait derrière lui.

Aussitôt que Cais eut aperçu Dahis, il le reconnut, et le désir de le posséder s’augmenta encore. Il s’avança du côté de celui qui le montait, jusqu’à ce que son regret devînt extrêmement vif, parce qu’il s’aperçut qu’il avait beau le suivre, il ne pourrait jamais l’atteindre. Enfin, lorsque l’esclave se vit à une grande distance des Absiens, il mit pied à terre, délia le pied de Dahis, remonta, et partit. Cais, qui le suivait toujours, avait gagné du terrain pendant la halte ; lorsqu’il fut assez près de l’esclave pour se faire entendre : « Arrête, ô Arabe ! cria-t-il ; ne crains rien, je te