Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/390

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nerais-tu que cinquante si tu perds ? — Pourquoi, vieux bouc né sur le fumier ? pourquoi ? dit Chaiboud. Parce que je ne cours que sur deux jambes et qu’un cheval court sur quatre, sans compter qu’il a une queue. » Tous les Arabes se mirent à rire : cependant, comme ils furent très-étonnés des conditions que Chaiboud avait faites, et qu’ils étaient extrêmement curieux de le voir courir, ils consentirent à ce qu’il tentât cette chanceuse entreprise.

Mais quand on fut rentré dans les tentes, Antar dit à Chaiboud : « Eh bien, toi, fils d’une mère maudite, comment as-tu osé dire que tu vaincrais ces deux chevaux, pour lesquels tous les cavaliers des tribus se sont rassemblés, et qui, au dire de tout le monde, n’ont point d’égaux à la course, pas même les oiseaux ? — Par Celui qui produit les sources dans les rochers, et qui sait tout, répondit Chaiboud, je dépasserai les deux chevaux, fussent-ils aussi prompts que les vents. Oui, et il en résultera un grand avantage : car lorsque les Arabes auront entendu parler de cet événement, ils n’auront plus l’idée de me suivre quand je courrai à travers le désert. » Antar sourit, car il se douta du projet de Chaiboud. Pour celui-ci, il alla trouver le roi Cais, ses frères, et tous les spectateurs de la course, et devant eux tous jura, sur sa vie, qu’il dépasserait les deux chevaux. Tous ceux qui étaient présents se portèrent témoins de ce qu’il venait de dire, et se séparèrent fort étonnés d’une semblable proposition.

Pour le perfide Hadifah, dès le soir même il fit venir un de ses esclaves, nommé Valek, fanfaron s’il en fut. « Ô Valek, lui dit-il, tu te vantes souvent de ton adresse ; mais