Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/393

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courant avec la persévérance d’une autruche mâle, jusqu’à ce qu’il arriva au grand défilé où Valek était caché. Celui-ci n’avait encore jeté qu’un peu moins du quart de ses cailloux, lorsqu’il regarda, et vit Dahis qui venait. Il attendit que le cheval passât près de lui, et, se présentant inopinément à lui en criant, il lui jeta avec force une pierre dans les yeux. Le cheval se cabra, s’arrêta un instant, et l’écuyer fut sur le point d’être démonté. Chaiboud fut témoin de tout, et ayant regardé l’esclave attentivement, il reconnut qu’il appartenait au lâche Hadifah. Dans l’excès de sa rage, il se jeta en passant sur Valek, le tua d’un coup d’épée, puis il alla à Dahis, dans l’intention de lui parler pour le flatter et le remettre en carrière, quand, hélas ! la jument Ghabra s’avança, rasant la terre comme le vent. Alors Chaiboud, craignant d’être vaincu, pensant aux chameaux qu’il aurait à donner, se mit à courir de toute sa force vers le lac, où il arriva en avance de deux portées de trait. Ghabra vint ensuite, puis enfin Dahis, portant sur son front la marque du coup qu’il avait reçu ; ses joues étaient couvertes de sang et de pleurs.

Tous les assistants furent stupéfaits à la vue de l’activité et de la force de Chaiboud ; mais sitôt que Ghabra eut atteint le but, les Fazaréens jetèrent tous de grands cris de joie. Dahis fut ramené tout sanglant, et son écuyer apprit à ceux de la tribu d’Abs ce que l’esclave avait fait. Cais regarda la blessure de son cheval, et se fit expliquer en détail comment l’accident avait eu lieu. Antar rugissait de colère, portait la main sur son invincible épée Dhami, impatient d’anéantir la tribu de Fazarah. Mais les scheiks le retinrent, bien qu’avec peine ; après quoi ils allèrent vers