Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/394

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Hadifah, pour le couvrir de honte et lui reprocher l’infâme action qu’il avait faite. Hadifah nia, en faisant de faux serments, qu’il sût rien touchant le coup qu’avait reçu Dahis, puis ajouta : « Je demande les chameaux qui me sont dus, et je n’admettrai pas la lâche excuse que l’on allègue.

» — Ce coup ne peut être que d’un sinistre augure pour la tribu de Fazarah, dit Cais ; Dieu certainement nous rendra triomphants et victorieux, et les détruira tous. Car Hadifah n’a désiré faire cette course que dans l’idée de faire naître des troubles et des dissensions ; et la commotion que va donner cette guerre peut exciter les tribus les unes contre les autres, en sorte qu’il y aura beaucoup d’hommes tués et d’enfants orphelins. » Les conversations s’animèrent peu à peu, devinrent violentes, des cris confus se firent entendre de tous côtés, et enfin les épées nues brillèrent. On était sur le point de faire usage des armes, quand les scheiks et les sages descendirent de leurs chevaux, découvrirent leurs têtes, pénétrèrent au milieu de la foule, s’humilièrent, et parvinrent à arranger cette affaire aussi convenablement qu’il fut possible. Ils décidèrent que Chaiboud recevrait les cent chameaux de la tribu de Fazarah, montant du pari, et que Hadifah mettrait fin à toute prétention et à toute dispute.

Tels furent les efforts qu’ils firent pour éteindre les animosités et les désordres prêts à se déclarer au milieu des tribus. Alors les différentes familles se retirèrent dans leurs demeures, mais leurs cœurs étaient remplis d’une haine profonde. L’un de ceux dont le ressentiment parut le plus violent était Hadifah, surtout lorsqu’il reçut la nouvelle de