Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/397

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dans le désert. Quand l’épée sera une fois tirée, prends garde à ses coups ! Sois juste, et ne te revêts pas de déshonneur. Interroge ceux qui connaissent le destin de Themoud et de sa tribu, lorsqu’ils commirent des actes de rébellion et de tyrannie : on te dira comment un ordre du Dieu d’en haut les a détruits en une nuit ; oui, en une nuit ! Et le lendemain ils étaient tous gisants sur la terre, les yeux tournés vers le ciel[1]. »

Hadifah non-seulement montra du mépris pour ces vers et le scheik qui les avait prononcés, mais ordonna aussitôt à son fils de retourner vers Cais au moment même. Abou-Firacah retourna donc à la tribu d’Abs, et sitôt qu’il fut arrivé, il se rendit à la demeure de Cais, qui était absent. L’envoyé demanda alors sa femme Modelilah, fille de Rebia. « Que voulez-vous de mon mari ? lui dit-elle. — Je demande ce qui nous est dû, le prix de la course. — Malheur sur toi et sur ce que tu demandes, répliqua-t-elle, fils de Hadifah ! Ne crains-tu pas les suites d’une telle perfidie ? Si Cais était ici, il t’enverrait à l’instant même dans la tombe ! » Abou-Firacah revint vers son père, auquel il rapporta ce que la femme de Cais lui avait dit. « Hé quoi ! lâche, s’écria Hadifah, tu reviens sans avoir fini cette affaire ! Est-ce que tu as peur de la fille de Rebia ? Retourne. »

Cependant Abou-Firacah ayant fait observer à son père qu’il était presque nuit déjà, le message fut remis au lendemain.

  1. Voyez sur cet événement l’ouvrage de M. Reinaud sur les monuments arabes, persans et turcs, du cabinet de M. le duc de Blacas, t. I, p. 142.