Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/402

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leur comble. « Par la foi d’un Arabe ! dit-il aux scheiks, je ne veux plus entendre parler de paix, quand même l’ennemi devrait me percer de ses lances. — Ne parlez pas de la sorte, fils de ma mère, dit Haml à son frère. Ne vous élancez pas sur la route de l’imprudence ; abandonnez ces tristes résolutions. Restez en paix avec nos alliés les Absiens, car ils sont les étoiles brillantes, le soleil resplendissant qui conduit tous les Arabes qui aiment la gloire. Ce n’est que l’autre jour, lorsque vous les avez outragés en faisant frapper leur cheval Dahis, que vous avez commencé à vous éloigner de la voie de la justice. Quant à votre fils, il a été tué justement, car vous l’avez envoyé demander une chose qui ne vous était pas due. D’après tout cela, il n’y a rien de plus convenable que de faire la paix ; car celui qui cherche et provoque la guerre est un tyran, un oppresseur. Acceptez donc les compensations qui vous sont offertes, ou vous allez faire naître encore autour de nous une flamme qui nous brûlera des feux de l’enfer. » Haml continua en récitant ces vers :

« Par la vérité de Celui qui a fortement enraciné les montagnes sans fondation, si vous n’acceptez pas les compensations des Absiens, vous êtes dans l’erreur. Ils reconnaissent Hadifah pour un chef ; sois donc véritablement un chef, et contente-toi des troupeaux et des richesses qui te sont offertes. Descends de dessus le cheval de l’outrage et ne le monte plus, car il te conduirait à la mer des chagrins et de l’affliction. Hadifah, renonce en homme généreux à toute violence, mais particulièrement à l’idée de combattre les Absiens. Fais d’eux et de leur supériorité, au contraire, un puissant rempart pour nous contre les ennemis qui