Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/87

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Et, du commencement jusqu’à la fin,
Elle conta ce qui l’amenait au bord de la mer.
« Enfin, dit-elle, j’avais entendu parler de Marko,
De Marko de Prilip, la blanche forteresse ;
Et j’avais entendu dire qu’il était un héros, ce Marko,
Et que lui seul pourrait vaincre le More.
Alors je l’implorai au nom de frère en Dieu,
Je le nommai parrain au nom de saint Jean ?
Et lui promis de beaux et nobles dons.
Mais en vain ! Marko me refusa son aide.
Puisse celle de Dieu lui manquer à son tour ! »

Et Marko, fils de roi, lui répondit :
« Veuille ne point me maudire, ma sœur !
Vois, je suis devant toi, moi-même Marko. »

Quand la belle fille l’eut entendu,
Elle se jeta dans les bras du héros.
« Ô mon frère, royal rejeton Marko,
Ne m’abandonne pas au méchant More. »
Et le noble Marko lui répondit :
« Ma sœur, noble vierge de Turquie,
Non, aussi longtemps que ma tête tiendra là,
Je ne t’abandonnerai point au More !
Mais veuille ne dire à nul autre tout ceci,
Excepté à tes vénérables parents. Dis-leur aussi
De m’envoyer quelque chose pour manger,
Et que surtout le vin n’y manque point.
Envoyez le tout à la nouvelle hôtellerie.