Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/237

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et d’anciennes histoires des premiers temps, que j’écoutais avec un plaisir et avec un étonnement toujours nouveaux. Il y avait de ces histoires qui faisaient adorer les bontés de Dieu et qui faisaient pleurer d’attendrissement sur les aventures de pauvres familles comme les nôtres. Il y en avait d’autres qui faisaient lever les épaules, parce qu’elles racontaient des quantités de dieux des mariages de dieux avec les filles de la terre, des tromperies, des méchancetés de tel ou tel dieu faisant des ruses, des malices, des noirceurs aux hommes. Ces livres, qui venaient de l’Inde, de l’Arabie, de la Grèce, de je ne sais où, me faisaient penser et repenser à ces tas de mensonges mêlés à ces tas de vérités que le bon Dieu a permis qui fussent jetés ainsi par les anciens devant nous, afin que nous eussions éternellement à chercher ces paillettes d’or dans ces monceaux de sable à la sueur de nos fronts. Je me disais : C’est donc la volonté divine que l’âme travaille comme le corps à se chercher sa nourriture, puisqu’il n’a pas vanné lui-même le grain, qu’il nous l’a jeté mêlé avec la paille, et que dans ces champs les mieux cultivés il