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20 SEPTEMBRE

les arrêtaient partout, les malmenaient, les enfermaient dans les postes, après leur avoir fait honte, après les avoir appelés : « Traîtres à la patrie ! » C’était la même forme d’injure qu’en 92, et, comme alors, la foule y applaudissait.

Ce même jour, le 19, on avait arrêté le général Ambert, un fou, commandant je ne sais quel secteur, et qui, dans un discours à ses troupes, avait renié le gouvernement de la défense nationale.

En rentrant hier au soir, j’ai appris que notre Châtillon nous appartenait encore ; le moindre pouce de terrain nous tient au cœur ! L’aile gauche de Ducrot, seule, s’était débandée, parce que les zouaves étaient ivres. On dit que la mobile s’est battue assez solidement pour une première fois ; nous nous rassérénons un peu : nous avons tant besoin d’espérance !

La privation de nouvelles, ce silence du dehors nous attriste et nous cauchemarde. Paris si curieux ne sait plus rien, Paris si remuant est enfermé dans ses murs, Paris si hospitalier ne reçoit plus personne ! Il faut que la passion