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LE SIÉGE DE PARIS.


disent : « Nous en tuerons encore de ces Prussiens de ces brigands ! » Tous ces hommes pâlis, attristés par la souffrance, tous ces vaincus, blessés, estropiés, sont bien mes frères.

J’ai visité encore, avenue d’Italie, une autre ambulance dirigée par un pasteur protestant. Quelques soldats mangeaient dehors dans les habits avec lesquels ils avaient été blessés ; les balles avaient fait des traînées, roussi l’étoffe avant de pénétrer dans la chair. Sur les bras, sur les épaules, sur la poitrine des capotes, on voyait de grands trous correspondant à la blessure ; c’était navrant !

Partout un bruit se répand, grossit dans ce quartier éloigné de tout renseignement précis : une petite armée s’était déjà refaite en province, elle a été, dit-on, anéantie ! Je n’y crois qu’à moitié, et je reviens à la hâte au boulevard. En chemin, je pense à M. Trochu, qui se préoccupe d’ancienneté, de grade, de préséance, qui s’entête à conserver les vieilles formes d’une armée qui n’existe plus, qui perd du temps ! Il faut faire du nouveau avec des élé-