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revoyant le pays, les amis, les parents, la promise…

La Rose sentit quelque chose à redire et dit :

— Pourquoi, mon Pierre, si tu as deux cœurs, ne m’amuserais-je pas à en avoir deux aussi ? Crois-tu que lorsqu’un de mes galants m’embrasse par surprise, crois-tu que si mon cœur bat, il batte de la même manière que quand tu me pourprends ? Non. Eh bien, que reviennent mes amoureux quand tu seras là-bas, au loin ; s’ils me complimentent par rapport à ma figure, à ma malice ou à mon travail, je les écouterai. M’est avis aussi, Pierre, qu’on a deux cœurs, et je te garderai celui que tu me garderas.

L’amour, comme d’aucuns le prétendent, ne fait pas qu’on change du tout au tout, puisque, vous voyez, cette fillette était restée fielleuse comme devant.