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partageait son temps à garder les moutons, les oies ou au soin du jardin avec sa mère.

Le soir, souvent il jouait des airs pieux sur un violon, vieille relique du père, qui le tenait lui même de son grand père.

***

Depuis quelque temps était arrivé au village un parent de l’enfant, un oncle, parti depuis des années et qui, en peu de temps avait donné une piètre idée de sa personne. Il avait parcouru mers et mondes avec de monstrueux forbans et il n’y avait pas d’acte de pirateries dont il n’avait pas été partie. Il avait tout perdu dans ces pérégrinations, foi, honneur, fierté, et n’avait conservé que les desseins de faire le mal inspiré par les démons de l’enfer. Il eut bientôt fait de se faire connaître et par ses propos impurs et blasphématoires et dévoilé la laideur de son âme basse et perfide. Les habitants du village le fuyaient comme une peste contagieuse et les parents de l’enfant lui avaient interdit l’entrée de leur maison.

Cependant, usurpant l’ordre signifié, il se rendait de temps à autre faire de courtes visites chez les seuls parents qu’il possédait et souvent, à la dérobée, il fixait ses yeux de forban sur l’enfant et semblait ruminer des desseins pervers et diaboliques. Tout dans les gestes et les agissements de l’enfant était trop beau dans l’âme qui s’élève pour ne pas irriter celle qui est descendue dans les derniers plis de la bassesse humaine.

Un soir, étant dans sa chambre, et qu’il cherchait à combiner des plans pour approcher et pervertir l’âme du jeune enfant, assoiffé de haine, il lève le poing dans