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LE MANDARIN.

plus que les civilisés en masse, et que les civilisés n’ont pas plus qu’eux la saine notion de l’humaine justice ; mais ajoutons que les meilleurs d’entre eux et d’entre nous agissent dans le sens de cette justice et de la perfection.

— Bravo ! s’écria Didier.

— Qu’est-ce que la justice ? Un mot qu’il s’agirait de définir encore, répliqua Davenel, de la matière à métaphysique !

— Quand même ce ne serait qu’un mot, poursuivit Lefranc, ne contient-il pas les plus grandes aspirations du cœur humain ? N’est-ce pas au nom de cette justice, Davenel, que vous vous êtes fait l’apôtre des droits de la femme ?

— Oui, répondit l’auteur de la formule du Gerfaut, mais moi j’ai défini ma justice, tandis que tous les métaphysiciens de ce temps-ci se plaisent à en faire des créations sans queue ni tête. Puisque la justice, dites-vous, est une aspiration du cœur humain, chacun doit l’entendre à sa manière. Ce n’est pas plus que le cœur humain une chose invariable et absolue, et j’entends,