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LE MANDARIN.

ponts. Il rêvait un fleuve ! Par respect pour l’enthousiasme de Martial, il n’osa manifester son désappointement. Mais les saules aux branches grêles, qui penchent sur les bords de la Seine leur chevelure jaunie, ne purent lui faire oublier les hauts bambous et la luxuriante végétation des rives du Yang-tse-Kiang !

Le peintre abusait de la réserve du mandarin. Il le forçait, à tout instant, de regarder telle vallée, tel horizon, un coin du ciel, quelques arbres, de l’herbe, une fleur.

La conversation finit par s’établir entre Martial et Pé-Kang sur la peinture du paysage. De leur côté les deux philosophes, couchés au fond de la barque, s’entretenaient des choses du jour.

— Nous affirmions l’autre soir, mon ami, disait Lefranc, qu’une grande réaction s’annonçait en faveur de l’honnêteté : de récents événements nous donnent, hélas ! un démenti sanglant. Je crains que les natures crédules, amoureuses du perfectionnement, ne soient bernées longtemps encore. Ici, tout les autorise à l’espérance ; là, quelque insolent défi jeté à la mo-