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LE MANDARIN.

— Mais qui donc, demanda Durand, a réuni ces lourdes chaînes autour du corps délicat de l’intéressante Andromède ? Qui donc a jeté sur son chemin tant de broussailles, sinon Persée lui-même ?

À mon tour de vous convaincre par des images : Andromède est sur son rocher, livrée à tous les vents, en proie aux tristesses de la solitude, aux haines brûlantes qui dessèchent le cœur de l’esclave. Persée passe, il s’émeut des cris d’Andromède, il la délivre ; la voilà libre ! « Ah ! mon doux libérateur, dit-elle, quittons vite ce noir rocher qui durant les siècles a meurtri mes pieds nus ; allons courir dans les plaines sur les gazons fleuris ; puis nous nous reposerons à l’ombre des hauts arbres. » Mais écoutez la voix du libérateur et jugez ! Il dit à la femme : « Je t’ai délivrée de tes chaînes de fer, mais tu resteras sur ce rocher enchaînée par ma volonté ! » Andromède se courbe devant le maître, pleure et supplie à genoux, promettant reconnaissance éternelle et soumission. La prière, si douce aux lèvres