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LE MANDARIN.

tion générale, basée sur des conditions invariables de proportionnalité, nous inspire l’idée absolue de justice.

— Si je ne suis qu’un grain de poussière que le vent balaie, une lumière qui brille et s’éteint, dit Victor Durand, pourquoi lutter, pourquoi souffrir, pourquoi vivre enfin ?

— Parce que la loi force l’homme à l’action, dit le matérialiste, et que nul n’a la puissance ni la volonté de résister à la loi.

— Quand je croirai a la foi fatale, mon ami, repartit Durand, le désir de résister à une force aveugle me mordra au cœur. L’homme est puissant ! j’agirai dans le sens contraire a la loi.

— L’instinct de conservation, répliqua le philosophe en s’adressant à son ami, est le plus ingénieux, le plus étendu de tous les instincts. Tés facultés, les besoins de ta nature, les désirs de ton âme, si tu le veux, te forcent de choisir parmi les croyances de ton époque, et tu choisis fatalement celle qui t’encourage au bien et te pousse au développement de tes instincts, c’est-t-a-dire à l’action. Mais pourquoi discuter ? Les