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MES AVENTURES AU PAYS

Le jour commençait à poindre à l’horizon. Je suivis des yeux la bête qui s’éloignait toute déconfite et lorsque je jugeai qu’elle était assez loin, je mesurai la distance que j’avais à parcourir pour me rendre à la maison et je pris mes jambes à mon cou. J’entrai à la maison sur les talons de mon beau-frère qui arrivait de la « batterie » de la grange pour se hacher une pleine blague de tabac pour sa journée. Encore tout haletant, je lui racontai ce qui venait de m’arriver, tout en promettant de ne plus m’aventurer la nuit sur les terres du Canada, sans être armé jusqu’aux dents, pour éventrer tout taureau ou loup-garou qui viendrait à se présenter. Je déjeunai ce matin-là avec un assez bon appétit.

J’étais arrivé en Canada le vendredi matin : de là cette aventure sans doute. Le dimanche suivant, à l’église, il y eut publication des bans et parmi les futurs époux se trouvait un de mes cousins. De là, grandes invitations ! le lundi il fallut aller aux noces : nous fûmes trois jours et trois nuits à manger, à boire, à nous réjouir sans dormir. Sur la fin de la troisième nuit, nous décidâmes de nous coucher pour prendre un repos bien nécessaire. Il n’y avait pas une demi-heure que nous étions