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LES « CHÊNEURS »

ne dura pas longtemps, bientôt il me confia l’effroyable histoire qui suit :

« — Mon ami, dit-il, ne soyez pas surpris si, avant peu, vous entendez parler d’un malheur qui viendrait s’abattre sur quelqu’un de ma famille, car depuis cette nuit je ressens une douleur étrange dans le côté droit. »

À mes regards étonnés, à mon air surpris, il ajouta : « — C’est une lamentable histoire que je vais vous raconter. Vous avez dû entendre parler souvent des premiers temps de l’établissement de By-Town, aujourd’hui Ottawa, des misères des premiers bûcherons canadiens-français qui allèrent se fixer dans ces endroits et de leurs démêlés avec les « Chêneurs ». Les Canadiens français étaient l’objet de leur part de haines farouches et d’attentats sans nombre et des plus meurtriers. Le nombre de Canadiens français tués et jetés dans la rivière Chaudière est incalculable ; vous dire combien de ces bûcherons furent tués pendant la nuit par les « Chêneurs », qui tenaient bien plus de la bête que de l’homme, c’est presque impossible. On parlera longtemps des sanglantes batailles que nos pères ont dû livrer dans ces endroits à jamais mémorables par leurs tristes souvenirs. Souvent même, poussés à bout de patience, les