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en hypothéquant ces terres, parce qu’il n’y a aucune certitude sur leur valeur ; lorsqu’une vente forcée a lieu, le marché peut se trouver tout-à-fait encombré et sans acheteurs. Je pourrais citer une foule de semblables témoignages. On pourrait supposer, sans connaître le pays sur la frontière, que le sol est d’une qualité bien supérieure du côté Américain. J’ai reçu l’assurance positive que ce n’est nullement le cas ; mais que sur l’ensemble le territoire Britannique est doué d’une fertilité naturelle supérieure. Dans le Haut-Canada, toute la grande péninsule entre les lacs Érié et Huron, comprenant près de la moitié de la terre exploitable de la province, consistant en un sol alluvial légèrement ondulé, et, avec une moindre proportion de terre inférieure, peut-être, qu’aucune semblable étendue de terre dans aucune partie de l’Amérique Septentrionale, passe généralement pour le meilleur pays à grain de tout le continent. Le sol des townships sur la frontière du Bas-Canada est admis de toute part être supérieur à celui des Townships limitrophes de New-York, Vermont et New-Hampshire ; tandis que les terres du Nouveau-Brunswick, égales en fertilité naturelle à celles du Maine, jouissent de moyens naturels de communication bien supérieurs. Je ne crois pas que la différence universelle dans la valeur de la terre puisse être en aucune façon attribuée à des causes naturelles.

On ne peut pas non plus attribuer à de telles causes une autre circonstance, qui explique jusqu’à un certain point la différence dans la valeur des propriétés, et qui a un rapport intime avec le sujet des terres publiques — je veux parler de l’émigration considérable qui se fait des colonies Britanniques aux états limitrophes. C’est un fait notoire ; personne ne le nie ; presque chaque colon en parle avec regret. Il serait difficile de s’assurer avec précision quelle est la proportion de ces émigrés venant du Royaume-Uni, qui aussitôt après leur arrivée passent du côté des États-Unis. M. Bell Forsyth de Québec, qui a donné beaucoup d’attention au sujet, et qui a eu les meilleures occasions de faire des observations exactes dans les deux Canadas, estime cette proportion à 60 pour cent sur la totalité. M. Hawke, principal Agent pour l’émigration dans le Haut-Canada, calcule que sur les deux tiers des émigrés qui arrivent dans cette province par le St. Laurent, un tiers ré-émigrent aux États-Unis principalement pour s’y établir. Il paraîtrait cependant que le chiffre de l’émigration du Haut-Canada, nouveaux venus et autres, doit se rapprocher davantage de l’estimation de M. Forsyth. La population fut supputée à 200,000 âmes en janvier 1830. L’accroissement par les naissances depuis ce temps