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de manière, en violant ou éludant les instructions qu’ils recevaient du Secrétaire d’État, à ajouter incalculablement aux maux qui seraient résultés dans tous les cas.

Dans le Haut-Canada, 3,200,000 acres ont été octroyés aux « U. E. Loyalistes, » réfugiés des États-Unis qui s’étaient établis dans la province avant 1787, et à leurs enfants ; 730,000 acres aux miliciens, 450 acres à des soldats et matelots déchargés, 255,000 acres à des magistrats et avocats, 136,000 acres à des conseillers exécutifs et à leurs familles, 50,000 acres à cinq conseillers législatifs et à leurs familles, 36,900 acres à des ecclésiastiques comme propriété privée, 264,000 acres à des personnes qui contractaient pour faire des arpentages, 92,526 acres à des officiers de l’armée et de la marine, 500,000 pour doter des écoles, 48,520 acres au colonel Talbot, 12,000 acres aux héritiers du général Brock, et 12,000 acres au Dr. Mountain, précédemment Évêque de Québec ; faisant en tout avec les réserves du clergé, près de la moitié de toutes les terres arpentées de la province. Dans le Bas-Canada, outre les octrois faits à des réfugiés loyalistes, sur la quantité desquels le département des terres de la couronne ne put me donner des informations, 450,000 acres ont été octroyés aux miliciens, 72,000 aux conseillers exécutifs, environ 48,000 acres au gouverneur Milne, plus de 100,000 acres à M. Cushing et un autre (comme récompense pour informations données dans un cas de haute trahison,) 200,000 à des officiers et soldats, et 1,457,209 acres à des « leaders of townships » faisant ensemble, avec les réserves du clergé, un peu plus que la moitié des terres arpentées, originairement à la disposition de la couronne.

Dans le Haut-Canada, une très petite proportion (peut-être moins d’un dixième) de la terre ainsi octroyée a été même occupée par des colons, encore moins défrichée et cultivée. Dans le Bas-Canada, à l’exception des quelques township, situés sur la frontière Américaine que des Squatters Américains ont établis, et jusqu’à un certain point malgré les propriétaires, on peut dire que les dix-neuf-vingtièmes de ces concessions sont encore incultes, dans l’état de nature.

On ne pouvait rien attendre autre chose de la part des classes de concessionnaires dont la position sociale les empêchait de s’établir au milieu de la forêt, et dont les moyens les mettaient en état de négliger les efforts nécessaires pour donner immédiatement de la valeur à leurs terres, et, malheureusement, les terres qui étaient destinées aux classes plus pauvres, qui auraient pu les améliorer par leur travail, sont pour la plus grande partie tombées entre les mains de spéculateurs sur les terres de l’espèce mentionnée ci-dessus, qui n’ont jamais pensé à s’y établir en personne, et qui retiennent les terres dans leur état inculte actuel, dans l’espérance qu’elles acquerront de la valeur par la suite, lorsque l’accroissement de la population aura fait augmenter la demande pour les terres.

Dans le Haut-Canada, dit M. Boulton, qui est lui-même un grand spéculateur et propriétaire de terres incultes, le plan de concéder de grandes étendues de terres à des messieurs qui n’ont ni la force musculaire nécessaire pour aller vivre dans les bois, ni peut-être les moyens