Page:Lambton - Rapport de Lord Durham.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130

pécuniaires pour améliorer leurs terres, a été la cause qu’une grande partie du pays est restée inculte. Le système d’accorder des terres aux enfants de U. E. Loyalists n’a pas produit les avantages, qu’on en attendait. Il n’a été occupé ou amélioré qu’une très petite partie des terres qui leur ont été octroyées. Une bonne portion de ces octrois furent faits à des femmes non mariées, qui s’en défirent volontiers pour peu de chose, dans nombre de cas moyennant de £2 à £5 par lot de 200 acres. Les octrois faits à de jeunes gens furent aussi souvent vendus pour très peu de chose. Ils avaient généralement des parents avec lesquels ils vivaient, et n’étaient pas disposés par conséquent à se transporter sur leurs terres, mais préféraient rester dans leurs familles. Je ne pense pas qu’un dixième des terres accordées aux U. E. Loyalists ait été occupé par ceux à qui elles avaient été octroyées, et dans le plus grand nombre du cas elles n’ont pas été occupées du tout. M. Radenhurst dit : « Le prix général de ces terres était depuis un galon de rum jusqu’à peut-être £6, de sorte que pendant que des millions d’acres étaient ainsi octroyés, l’établissement du pays n’en était pas du tout avancé, sans que le concessionnaire en retirât les avantages que, comme nous le supposons, le gouvernement avait en vue. » Il mentionne aussi, parmi les grands acquéreurs de ces terres, M. Hamilton, membre du conseil législatif, qui acheta environ 100,000 acres de terres, les juges en chef Elmsley et Powell, et le solliciteur-général Grey, qui achetèrent depuis 20,000 jusqu’à 50,000 acres ; et il dit que plusieurs membres des conseils exécutif et législatif, aussi bien que de la chambre d’assemblée, en achetèrent de grandes quantités. »

Dans le Bas-Canada, les octrois aux leaders et associés furent faits en éludant des instructions. Ce point mérite une description particulière.

Les instructions données à l’exécutif local immédiatement après la passation de l’acte constitutionnel, portaient ce qui suit — « de grands inconvénients étant résultés ci-devant dans plusieurs colonies d’Amérique de l’octroi de quantités excessives de terres à des particuliers qui ne les ont jamais cultivées ou établies et en ont par là empêché d’autres plus industrieux d’améliorer telles terres ; en conséquence, pour prévenir de pareils inconvénients à l’avenir, aucun lot de plus de 200 acres de ferme, ne devrait être octroyé à aucune personne étant maître ou maîtresse d’une famille, dans aucun township qui sera délimité. » Les instructions alors investissaient le gouverneur du pouvoir discrétionnaire d’acccoder des quantités additionnelles dans certains cas, n’excédant pas 1,000 acres. Selon ces instructions 200 acres auraient dû être la quantité générale, 1,200 le maximum dans les cas spéciaux, à être accordés à aucun individu. La plus grande partie des terres, cependant (1,457,209 acres) fut accordée de fait à des individus sur le pied de 10,000 à 50,000 acres à chaque personne. On s’y prenait comme suit pour éluder les réglemens. Il était présenté au conseil exécutif une pétition signée par 10, 40 ou 50 personnes, demandant un octroi de 1,200 acres pour chaque personne, et promettant que les terres ainsi octroyées seraient établies. De telles pétitions, comme on m’en informe, étaient toujours accordées, le conseil sachant parfaitement que, d’après un ar-