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vaisseau. On pourrait prévenir ceci en examinant le vaisseau avec plus d’attention. L’acte impérial veut que les noms, l’âge, le sexe et l’occupation de chaque passager soient entrés dans une liste certifiée par les officiers de douane au port de départ, et délivrée par le capitaine aux officier de douane d’ici avec les papiers du vaisseau. On délivre toujours des listes prétendues correctes, à l’officier de douane (tide-surveyor) dont le devoir est de passer en revue les passagers, et de les comparer avec la liste ; et cette liste bien souvent est tout-à-fait incorrecte pour les noms et les âges… L’objet de la falsification des âges est de frauder le revenu en éludant la taxe sur les émigrés… La falsification des noms ne produit aucun inconvénient ; et j’en ai seulement fait mention dans le dessein de montrer la manière négligente avec laquelle les agents dirigent le système dans le Royaume-Uni. » Mais le Dr. Poole, médecin inspecteur de la station de quarantaine à la Grosse-Isle, explique davantage cette fraude, en disant : « Ces falsifications sont faites, premièrement, dans le dessein d’éluder la taxe sur les émigrés, qui est prélevée en proportion de l’âge ; et secondement, dans le dessein de transporter plus de passagers que la loi ne permet, en comptant des adultes au nombre des enfants, que la loi permet d’embarquer en plus grande proportion au tonnage que les hommes faits. Cette fraude est très commune, et se présente-très souvent, et elle doit être évidemment attribuée au manque d’inspection dans la métropole. »

D’après ces témoignages, et ceux de quelques autres, il paraîtrait, que l’acte seul des passagers tel qu’amendé, comme il a été mis à exécution jusqu’ici, n’aurait apporté aucun remède efficace aux terribles maux qu’ont décrits le Dr. Morrin et le Dr. Skey. Ces maux ont été, néanmoins, beaucoup adoucis par deux mesures du gouvernement provincial ; premièrement l’application d’une taxe sur les émigrés venant du Royaume-Uni, afin de leur procurer l’abri, les soins médicaux, et les moyens d’un transport ultérieur pour les indigents ; secondement, l’établissement d’une station de quarantaine à la Grosse-Isle, isle déserte à quelques milles au dessous de Québec, où sont détenus tous les vaisseaux qui arrivent avec des cas de maladies contagieuses à bord ; les personnes malades sont transportées, à l’hôpital, et les émigrés en santé sont débarqués et soumis à une espèce de discipline pour les nettoyer, et pendant le temps que ceux-ci sont à terre le vaisseau est quasi nettoyé. Ces arrangements préviennent l’accumulation des pauvres dans le dernier degré d’indigence à Québec, et la communication de maladies contagieuses. Un arrangement, seulement fait en 1837, par lequel le médecin de la quarantaine à la Grosse-Isle, décide si un vaisseau chargé d’émigrés sera détenu ou continuera son voyage, a, pour se servir des paroles du Dr. Poole, « opéré comme un prémium pour le soin et l’attention de la part du Capitaine, et a eu un effet, salutaire pour le soulagement des émigrés. »

Je me réjouis cordialement de ces améliorations, mais j’observerai que les moyens que l’on a employés pour faire le bien démontrent la grandeur du mal qui existe encore. La nécessité d’un établissement de quarantaine pour prévenir l’importation des maladies contagieuses de la