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ils deviennent découragés, et laissent la province en grand nombre pour aller se faire citoyens de l’Union Américaine. Mon observation sur ce sujet me donne lieu d’estimer la proportion des émigrés de la Grande-Bretagne qui se rendent aux États-Unis, à soixante sur cent pendant ces dernières années. »

M. Stayner dit : « Un grand nombre de ces pauvres ont peu ou point de connaissance sur l’agriculture, même d’une manière générale ; et ils sont tous ignorants sur la culture suivie en ce pays. Il s’en suit qu’après avoir pénétré dans la forêt, ils se trouvent eux-mêmes accablés de privations et de difficultés auxquelles ils ne sont pas capables de résister, et cédant à la misère qui le écrase, ils abandonnent leurs petites améliorations pour aller chercher ailleurs leur subsistance. Plusieurs gagnent les grandes villes dans les provinces, avec leurs familles en détresse, pour arracher par un travail journalier et par la mendicité une misérable existence ; tandis que d’autres plus entreprenante, tentés par l’espoir de forts gages et par le climat plus doux des États-Unis, vont chercher fortune dans ce pays. De temps en temps l’on voit quelques individus, doués de plus de capacités et possédant plus d’énergie dans le caractère que la masse des aventuriers qui arrivent, surmonter avec succès toutes ces difficultés et gagner l’aisance pour eux-mêmes et pour leurs familles ; mais la proportion de ceux-ci est petite. »

M. Jessupp dit : « Les émigrés envoyés par les paroisses sont très généralement inférieurs, au moral comme au physique, à ceux qui viennent par eux-mêmes. Les paroisses ont envoyé des gens beaucoup trop vieux pour gagner leur vie par le travail, et souvent des ivrognes et des gens d’habitudes dangereuses. Ces émigrés n’ont pas été un bien pour le pays, et n’y ont pas eux-mêmes trouvé de bénéfice ; et ceci est très naturel, car à en juger par la classe de gens qui était envoyée, l’objet a dû être de s’en débarrasser, et non de procurer leur avantage et celui de la colonie. Il est arrivé dernièrement un fait qui explique bien ce sujet. Un habitant respectable des townships de l’est, revenait dernièrement de l’Angleterre à bord d’un vaisseau sur lequel il se trouvait 136 passagers pauvres envoyée aux dépens des paroisses ; et sur ce nombre entier, il n’en trouva que deux qu’il voulût engager à aller s’établir dans les townships de l’Est. La conduite des autres, mâles et femelles, était si mauvaise, qu’il exprima son désir qu’ils pussent tous se rendre dans la province supérieure au lieu de s’établir dans ce district. Il faisait allusion principalement à l’ivrognerie et à une impudicité grossière… Les habitants de Québec et ceux de Montréal sont sujets à des appels constants de la part des gens qui