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tager l’esprit d’accumulation qui anime leurs voisins. Leur nationalité est, après tout, un héritage, et il ne faut pas les punir trop sévèrement parcequ’ils ont rêvé le maintien sur les bords lointains du St. Laurent, et la transmission à leur postérité, de la langue, des usages et ses institutions de cette grande nation, qui pendant deux siècles donna le ton de la pensée au continent Européen. Si les disputes des deux races sont irréconciliables, en pourra dire que la justice demande que la minorité soit forcée d’acquiescer à la suprématie des anciens et plus nombreux occupants de la province, et non qu’elle prétende forcer la majorité à adopter ses propres institutions et coutumes.

Mais avant de décider à laquelle des deux races il faut maintenant donner l’ascendance, il n’est que prudent de chercher laquelle des deux doit prévaloir à la fin ; car il n’est pas sage d’établir aujourd’hui ce qui, après une dure lutte, doit être renversé demain. Les prétentions des Canadiens Français à la possession exclusive du Bas-Canada fermeraient à la population Anglaise déjà plus forte du Haut-Canada et des Townships l’accès au grand canal naturel du commerce que ces derniers seuls ont crée et qu’ils font. La possession de l’embouchure du St. Laurent concerne non-seulement ceux qui se trouvent avoir formé leurs établissements le long de l’étroite ligne qui le borde, mais tous ceux qui habitent, et qui habiteront ci-après dans le grand bassin de cette rivière. Car il ne faut pas regarder qu’au présent. La question est, quelle race doit vraisemblablement par la suite convertir en un pays habité et florissant le désert qui couvre maintenant les riches et vastes régions qui environnent les districts comparativement petits et resserrés où les Canadiens Français sont établis ? Si cela doit être fait dans les domaines Britanniques, connue dans le reste de l’Amérique Septentrionale, par un procédé plus prompt que l’accroissement ordinaire de la population, ce doit être par l’immigration des Îles Britanniques ou des États-Unis, — les seuls pays qui fournissent tous les colons qui sont entrés ou entreront en grands nombres dans les Canadas. On ne peut ni empêcher cette immigration de passer par le Bas-Canada, ni même de s’y fixer. Tout l’intérieur des possessions Britanniques devra être, avant longtemps rempli d’une population Anglaise, augmentant annuellement avec rapidité sa supériorité numérique sur les Français. Est-il juste que la prospérité de cette grande majorité et de cette vaste étendue de pays, soit pour toujours, ou même pour un temps arrêtée par l’obstacle artificiel que les lois et la civilisation arriérées d’une partie, et d’une partie seulement du Bas Canada, élèveraient entre eux et