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L’emploi de ces moyens pour assurer à l’électeur un vrai droit de voter en faveur d’un parti, doit être considéré plus comme un acte de faveur officielle, que comme une fraude d’élection. Mais nous ne devons pas être surpris si le parti qui a succombé donne l’interprétation la plus odieuse à des actes qui y ont donné quelques raisons ; et on conçut en conséquence, un fort ressentiment contre les moyens par lesquels on croyait que le représentant de la couronne avait emporté les élections, et cette intervention de sa part est par ce parti considérée comme une violation grossière des privilèges constitutionnels.

On ne doit pas être surpris que de tels faits et de telles impressions eussent l’effet de produire dans le pays une exaspération et la perte de toute espérance d’un bon gouvernement, et ce désespoir s’étendit beaucoup au-delà de ceux qui avaient succombé au poll. Car il n’y avait rien dans l’usage que les meneurs de la chambre d’assemblée avaient fait de leurs pouvoirs, pour adoucir le mécontentement excité par les moyens illégaux que l’on avait employés pour les obtenir. Même plusieurs de ceux qui avaient supporté les candidats heureux, furent trompés dans l’espoir qu’ils s’étaient formé de la politique que devaient suivre leurs nouveaux représentants. Aucunes réformes d’économie ne furent introduites. L’assemblée au lieu de supporter le gouvernement, le força de se soumettre, elle ne produisit aucun changement dans les affaires, excepté celui de remettre en pouvoir, le pacte de famille (family compact.) Sur des sujets sur lesquels le peuple porte beaucoup d’intérêt, comme par exemple, les réserves du clergé, l’assemblée est accusée d’avoir montré une disposition d’agir en contradiction directe aux sentiments connus de la grande majorité de ses constituants. Le mécontentement a été porté à son comble par un acte qui fut introduit, au mépris de tous droits constitutionnels, à l’effet de prolonger le pouvoir d’une majorité qui était certaine de ne pas le conserver après un nouvel appel au peuple. Ce fut un acte pour empêcher la dissolution de la chambre actuelle et des chambres futures à la mort du roi. Cet acte fut passé parce que l’on s’attendait à apprendre la mort prochaine de sa feue majesté ; et cet acte a de fait prolongé l’existence de la présente assemblé d’une année à quatre. L’on dit que cette démarche est justifiée par l’exemple des autres colonies de l’Amérique du Nord. Mais il est certain que cette mesure créa beaucoup de mécontentement fut considérée comme une usurpation indécente de pouvoir.

Ce fut ce mécontentement général qui enhardit ceux qui ont été les auteurs de l’insurrection, dans une entreprise, que l’on peut ca-