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GUADELOUPE

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de cendres eut lieu en 1 838. La côte orientale s’abaisse vers la mer et vers la rivière Salée. Dans les parties les moins accidentées, à l’E. et au N. notamment, des allusions argileuses donnent un sol très fertile. Les montagnes sont très boisées. — A la Guadeloupe propre se rattache géologiquement le groupe des Saintes, débris irréguliers de deux volcans placés sur le même alignement que ses foyers, et dont le morne le plus élevé, situé dans l’Ile dite Terrede-Haut, n’a que 316 m.

La Grande-Terre n’a point de système de montagnes ; sa surface est parsemée de mamelons de 30 à 40 m. de hauteur moyenne, consistant, comme les écueils du rivage, en agglomérations calcaires pleines de coquillages et de coraux fossiles, semblables à ceux qui vivent dans les mers voisines. Les deux saillies culminantes se trouvent aux extrémités N. et S. : ce sont les hauteurs de l’Anse-Bertrand, de 95 m., et les Grands-Fonds de Sainte-Anne, de 445 m. La formation des rivages se continue par les polypiers, principalement sur la côte orientale, et d’ailleurs aussi çà et là pour la Guadeloupe volcanique. Les plus anciennes roches de cette sorte sont les « rochers à ravets » criblés de trous ; la roche la plus récente, dite « Maçonne-Bon-Dieu », se crée incessamment ; c’est elle qui contenait les fameux squelettes des Caraïbes, non véritablement fossiles, mais fossilisés dans les temps historiques. Les îles environnantes, de même nature géologique que la Grande-Terre, sont : la Désirade, qui s’en distingue par une plus grande altitude, atteignant 278 m., longue terrasse rectangulaire ; la Petite-Terre (42 m.) ; Marie-Galante, formée de terrasses en gradins jusqu’à un plateau terminal de 205 m. Une caye, autour de l’île, constitue une terrasse sous-marine, qui peut-être s’exondera aussi. Dans ces iles calcaires, la base est pyrogène, et le sous-sol madréporique, d’une épaisseur très inégale, plus de 300 m . à la Grande-Terre, 25 m. seulement à Marie-Galante. Les secousses de tremblements de terre sont un peu plus fré-

?[uentes à la Grande-Terre qu’à la Guadeloupe, où la sourière 

sert de soupape. Le dernier grand tremblement de terre, le 8 févr. 4843, détruisit en une minute (exactement 70 secondes) la ville de la Pointe-à-Pitre. Bégime des eaux. — La Guadeloupe propre seule a des eaux courantes ; les Saintes sont trop petites, et la Grande-Terre ainsi que ses dépendances géologiques laissent fdtrer les eaux de pluie dans les fissures de leur sol calcaire. Soixante-dix rivières ou ruisseaux, dans la Guadeloupe proprement dite, peuvent être comptés, ayant leur source à une grande hauteur et coulant dans des lits encaissés en formant de nombreuses cascades, tantôt presque à sec, tantôt impétueux à la saison des pluies. Un très petit nombre est navigable, à une faible distance de leur embouchure ; presque tous sont utilisés comme moteurs. Les plus considérables de ces rivières sont très poissonneuses. Le Sans-Toucher est le principal faite d’où les eaux descendent. La Grande-Bivière y prend naissance au N. et vient déboucher dans le Grand-Cul-de-sac, après avoir arrosé avec ses affluents plus du quart de la superficie de la Guadeloupe propre. Parmi les autres rivières qui ont leurs sources sur les flancs de cette montagne, citons la rivière de la Gapesterre, dont l’embouchure est à l’E., et celle des Habitants, qui a son embouchure sur la côte opposée. De la Soufrière naissent, entre autres, la rivière du Carbet, qui débouche au S.-E. et qui est fort remarquable par un saut de 600 m. ; la rivière des Galions ; celle de Saint-Louis, dont un allluent forme une cascade pittoresque près du Camp-Jacob. A une petite distance au S. de la rivière du Carbet, on remarque, à 394jn. d’alt., le Grand-Etang, qui a près d’une lieue de tour. Malgré la nature siliceuse du sol, l’eau des rivières est ici peu potable, par suite des matières organiques, détritus et limons entraînés d’autant mieux que la pente est plus rapide. Il est des exceptions, certaines eaux sont de bonne qualité (rivières de Bon-Goût, Duplessis, etc.). A la Grande-Terre, où il n’y a que des ruisseaux souvent desséchés, force est de recourir comme boisson à l’eau de pluie recueillie dans des citernes. Toutefois, sous d’autres rapports, ces ruisseaux sont utiles en empêchant par leur eau douce la formation des coraux à leur embouchure, où se trouvent par suite les passes et les principaux ports. Puis on les a canalisés dans certains points de la colonie pour les besoins du commerce. Tels sont le canal des Botours, qui remonte au Grippon, et le canal Eaujas. Des sources clairsemées existent, chargées de sels. Des mares naturelles ou artificielles sur les plateaux servent à certains usages domestiques ; dans les bassins inférieurs, l’accumulation des eaux pluviales produit des marais insalubres. Climat. — On distingue, à la Guadeloupe, deux saisons extrêmes : la première, fraîche, de décembre à avril, et plus ou moins sèche relativement ; la seconde, chaude, c’est l’hivernage, de juillet à octobre, pluvieuse et orageuse. Il est deux saisons intermédiaires, savoir mai et juin d’une part, novembre, de l’autre : cette dernière est le petit été de la Saint-Martin. Les mois les plus chauds sont juillet, août et septembre ; les plus froids, décembre, janvier et février. La différence des températures moyennes pour ces deux périodes n’est pas de 4°. Le minimum a été trouvé, à l’ombre et au niveau de la mer, de 17°, le maximum n’atteignant pas 33°. La moyenne annuelle est de 26°. L’écart diurne est en moyenne 5°, 45 entre six heures du matin et une heure du soir. Les brises alternatives de jour et de nuit aident à supporter la chaleur. L’humidité est considérable, elle varie de 61° à 1)7° et a pour moyenne annuelle 85°. Il tombe des grains ou ondées, dits de printemps, en mars et avril, parfois semblables à de la grêle : ce dernier phénomène est ici d’une extrême rareté. Il tombe d’autres grains à la fin de l’année que l’on appelle noi’ls ; ils rafraîchissent l’atmosphère. Les pluies ordinaires ont lieu toute l’année, plus souvent à la Guadeloupe proprement dite qu’à la Grande-Terre et sur lacôte occidentale, sous le vent ou en bas du vent, que sur la côte orientale, au vent ou en haut du vent. Les pluies diluviennes commencent en juin ou juillet pour ne finir qu’en septembre ou octobre. La quantité totale pour l’année (moyenne de 4878-1883) de pluie tombée à la Pointe-à-Pitre a été de 4 m 85. Le vent du N., sec et froid, souffle de novembre à février. Celui du S., chaud et humide, règne de juillet à octobre. Le vent d’E. domine en mars jusqu’à juin inclusivement ; il est tempéré et le plus favorable à la santé : c’est l’alizé, qui varie du N.-E. au S.-E. et souffle les trois quarts de l’année, de janvier à août, empiétant sur le N. dans les deux premiers mois, sur le S. dans les deux mois de juillet et août. Le vent d’O., brumeux, est rare. Il est aussi des perturbations atmosphériques, qui se manifestent ici, comme dans les autres Antilles, par des coups de vent désastreux, soit des bourrasques plus ou moins fortes, soit des ouragans furieux, formidables tourbillons accompagnés de phénomènes électriques. Le baromètre, dans les coups de vent, s’abaisse considérablement ; on a observé une dépression en quelques heures de 36 millim. Les ouragans constatés à la Guadeloupe depuis 4462 jusqu’à 1 865 sont au nombre de trente-sept, soit en moyenne un pour un espace de six ans ; d’ailleurs, ils ne sont pas régulièrement périodiques. Ils se produisent généralement pendant l’hivernage, et l’on n’en connaît pas d’antérieurs au 40 juil. ni de postérieurs au 25 oct. Les raz-dc-mart’e se font sentir à la Basse-Terre par les vents d’O. ou N.-O., généralement pendant l’hivernage ; la Pointe-à-Pitre est abritée et en est exempte. Au Moule, on en observe fréquemment d’octobre à la fin de mars. L’abaissement du baromètre les fait prévoir. Pour ce qui est des oscillations normales du baromètre, elles sont très régulières, montant et descendant de 2 millim. i]imi fois par jour. La pression moyenne do l’année, ramenée au niveau de la mer, a été trouvée (Sainte-Claire Deville) de 762,62.

Mai.adiiîs. — Les affections endémiques principales sont la fièvre paludéenne et la dysenterie. La première sévit