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LÉGENDE

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légendes monétaires sont : l’écriture cypriote, sur les monnaies des rois de Salamis, hlaliunt. Curium, Paphos, laruim. Soli ; on trouvera le tableau des caractères de cet alphabet dressé par Deecke, dans Collitz, Sammlungder gr. Dialekte-Inschriften, 1883 ; l’écriture et la langue phénicienne, sur les monnaies desdynastesde la Phénicie, les monnaies puniques frappées à Carthage et en Sicile, les monnaies des rois de Mauritanie, celles d’Abdère, de Malacca, de Gadès et de Sexti en Espagne, etc. ; l’écriture hébraïque , sur les monnaies juives des Asmonéens et sur celles qui turent frappées lors de la première révolte des Juifs (66-70 ap. J.-C) et sous Simon Barcochab (132-435 ap. J.-C) ; l’écriture et la langue araméennes sur les monnaies frappées sous la domination perse, soit à titre autonome, soit avec des noms de satrapes, dans les villes de Syrie et à Tarse en Cilicie ; l’écriture palmvrénienne, sur les monnaies frappées à Sidé en Pamphvlie, sous la domination perse au iv c siècle ; l’écriture syriaque cstranghelo sur les monnaies des rois d’Edesse, Mannus Vit, Val et Mannus VIII, qui régnèrent de 99 à 139 ap. J.-C. ; l’écriture nabathéenne sur les monnaies des rois de l’Arabie Pétrée ; l’écriture himyarite sur les monnaies de l’Arabie méridionale ; l’écriture pehlvi sur les monnaies des rois sassanides ; l’alphabet lycien, sur les monnaies des villes de Lycie, antérieures à la conquête macédonienne ; l’étrusque sur les monnaies de l’Etrurie ; l’osque sur les monnaies de Teanum, Compulteria, Capoue, Atella, Calatia, etc. ; l’écriture et la langue ibériennes en Espagne. Des tables de légendes des monnaies grecques ont été données parMionnet (Tables générales de la description de médailles antiques grecques et romaines, in-8) ; par Barclay V. Head (Historia numorum ; Oxford, 1887, p. 763, in-8). On pourra se servir, mais avec critique, de Rasche, Lexicon universœ rei numariœ (Leipzig, 1785- 1805, in-8).

Les plus anciennes monnaies romaines sont anépigraphes. Ce n’est que vers l’an 268 av. J.-C. qu’on y inscrivit le nom de la cité ROMA, et des chiffres indiquant la valeur, X (10 as) sur le denier, V (5 as) sur le quinaire, IIS (2 as et 1/2) sur le sesterce. Le nom de Homa disparut des monnaies vers l’an 100 av. J.-C. Quelques monnaies frappées au ni 8 siècle à Capoue et dans d’autres villes de la Campanie, du Samnium et de l’Apulie, par les généraux chargés de faire la guerre aux Samnites, à Pyrrhus et aux Carthaginois, ont soit une légende en caractères romains ROMANO, soit une légende grecque PQMAIQN. Les magistrats chargés de faire frapper les monnaies les marquèrent d’abord de leurs initiales ou du monogramme de leur nom ; enfin, vers l’an 151 av. J.-C., ils écrivirent leurs noms complètement, c.-à-d. le prœnomen, le nomen et le cognomen ; quelques-uns mentionnèrent même leur filiation, par exemple OC VR-F-’I'RI G-, Gains Curiatius ftlius Trigemini ; TICLAVD’TIF. AP - N-, Tiberius Claudins Tiberii filins Appii nepos. Le nom du magistrat monétaire est ordinairement au nominatif, exceptionnellement au génitif. Les magistrats chargés de surveiller l’émission des monnaies étaient les triumvirs. Ils ajoutent parfois leur titre à leur nom, IIIVIRI. AA’AF - F - , tresuiri a>re, argento, auro flando feriundo. En 45 av. J.-C, Jules César remplaça les triumvirs par des quatuorvirs. Ces magistrats signèrent les monnaies jusque vers l’an 4 av. J.-C, époque à laquelle leur nom fut remplacé par celui de l’empereur. La frappe des monnaies a été quelquefois dévolue à des magistrats extraordinaires, qui, dans ce cas, ajoutaient à leur nom la mention spéciale de la loi de laquelle ils tenaient leurs fonctions spéciales. Des questeurs urbains, des édiles curules et plébéiens, des préteurs urbains ont frappé monnaie en vertu de l’autorisation sénatoriale, S m Csenatiis consulte, ou par délégation populaire, P, publiée. Au milieu du ii e siècle ap. J.-C, on introduisit sur les monnaies des légendes explicatives des types. Sous l’Empire, il y a deux légendes : l’une au droit, donnant le nom de l’empereur suivi d’épithètes honorifiques ; l’autre, au revers indiquant la date du consulat ou de la puissance tribnnitienne, on bien encore donnant l’explication du type emprunté à la religion ou rappelant quelque événement contemporain. Ce système se prolongea jusque sous les empereurs byzantins.

Pour le déchiffrement des légendes des monnaies romaines, on aura recours aux ouvrages suivants : Babelon, Description historique et chronologique des monnaies de In république romaine (t. I, Introduction, t. II, p. 605) ; Cohen, Description historiijue des monnaies frappées sous V empire romain (t. VIII, p. 355, 2 e éd.) ; Sabatier, Description générale des monnaies byzantines ; W. Stevenson et Madden,/ ! Dictionary of Roman coins (Londres, 1889, in-8).

Les éléments des légendes monétaires sont restés au moyen âge et dans les temps modernes les mêmes que dans l’antiquité. Nous ne pouvons que présenter ici quelques considérations empruntées en -grande partie au Traité de numismatique de MM. Engel et Serrure. Les légendes monétaires indiquent des noms d’hommes, des noms de lieux, les noms des monnaies, leur poids et leur titre, la date ; elles comprennent aussi des formules pieuses et dés devises. Les noms d’hommes peuvent appartenir aux quatre catégories suivantes : « Le souverain exerçant le droit de battremonnaie, le délégué du souverain..., un monnayeur..., un saint sous l’invocation duquel est placé le pays dans lequel la monnaie circule, ou la ville dans laquelle elle est frappée. » On trouvera la liste des souverains ayant frappé monnaie dans le Nouveau Manuel de numismatique du moyen âge et moderne, par J.-A. Blanchet (manuel Roret). Le même ouvrage (t. II, p. 490) renferme une liste des saints dont les noms apparaissent sur les monnaies. Le nom du souverain est d’ordinaire suivi de ses titres. A partir du xvi 6 siècle, ces titres se multiplient, surtout en Allemagne, et leurénumération nécessite, pour qu’elle puisse se développer autour de la pièce, l’emploi d’abréviations par sigles. Les légendes telles que DGCPRD’VB-J-CÉT-M-C V-S-M-RET-MD-I-R- ne sont pas

rares ; celle-ci doit s’interpréter par : Dei gratia cornes Palatinus Hhenidii.v nlriusque Bauariœ,Juliaci,Cliviœ et Montium, cornes Veldentiœ, Sponhemi Marcœ Ravcnsbergœ et Meursiœ dominus in Ravenstein. On trouvera la solution de ces légendes abrégées dans Alphabetischchronologische Tabellen der Mùnzherren und Verzeichniss der auf Mùnzen vorkommenden hciligen, par W. Kentzinann (Berlin, 1865, in-8), et dans Erklœrung der Abkuerzungen auf Muenzen der Neueren Zeitdes Miltelalters und des Alterthums, parPallmannet IL Droysen (Berlin, 18X2, in-8). Ce n’est que très exceptionnellement que les monnaies du moyen âge se présentent avec leur nom ou leur valeur ; cependant sur une monnaie d’argent mérovingienne frappée à Lyon, on lit dinarios ; sur une autre, frappée à Orléans, dinario. Citons encore la légende REMENSIS N VMM US, sur des deniers rémois de la fin du xi e siècle. A partir du xiv e siècle, la légende indique souvent le nom de la monnaie, par exemple on lit sur les monnaies de cette époque REGALIS, BVR-GENSIS FORTIS, GROSSVS, etc. Au xvr 3 siècle, il devient de règle d’indiquer sur les monnaies soit leur nom, soit leur valeur, soit encore leur poids. La date n’a été gravée sur les monnaies (abstraction faite des monnaies musulmanes) qu’à partir du milieu du xv e siècle ; cette date consiste dans le millésime écrit en chiffres arabes ou romains ; cet usage a eu son point de départ dans 1rs pays allemands. Quant aux devises pieuses, ce sont le plus souvent des invocations à la Divinité, parfois empruntes aux Ecritures saintes (V. à ce sujet un mémoire de M. W. l’ro’hner intitulé la Liturgie romaine dans la numismatique, dans Annuaire de la Société française de numismatique, 1889, p. 39). La langue dans laquelle sont rédigées les légendes monétaires du moyen Age est, ordinairement le latin, sauf dans l’empire byzan-