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les enfants. » — « Ah ! mais c’est justement ce qu’il me faut ! Des enfants il y en a. Mon mari est marchand, et nous avons aussi une terre. Il y a toutes sortes de travaux. Elle fera un peu de tout. Bon, je l’emmène. Quand vous descendrez à la messe vous viendrez au magasin prendre de la marchandise en retour de son salaire. Vous savez, c’est la grande maison de brique rouge, à l’ouest de la route, cinq arpents de l’église. Viens, ma fille ! »

Sa mère lui fit vivement un paquet de ses pauvres hardes, et Angèle monta dans la belle voiture des Saint-Amand, fière, comme si elle partait pour conquérir le monde.

Les Saint-Amand possédaient un magasin prospère, et de plus une grande ferme où se voyaient : dindons, oies, poules, chevaux, porcs, vaches et moutons. Ils étaient des commerçants ingénieux et retors qui ne perdaient jamais une chance de doubler leurs profits et d’augmenter leurs affaires. L’orge de leurs champs, le foin, la paille, les œufs, la toile, la laine, tous les produits de leur ferme se vendaient à grand bénéfice soit aux hommes de chantier, soit aux pêcheurs ou aux colons. Et les Saint-Amand passaient pour les plus riches de l’endroit.